DONNEZ-MOI UN COUPABLE AU HASARD

Donnez-moi un coupable au hasard est ma première pièce en tant qu’autrice.

Je l’ai écrite sous l’impulsion d’une vive colère après la cérémonie des Césars de 2020. J’avais le sentiment d’avoir reçu une gifle. Ce prix décerné à Polanski. Mais Adèle Haenel s’est levée et a quitté la salle.

Désormais, on se lève et on se barre.

La phrase a résonné en moi. Et tout est remonté. Avec une très grande nécessité de dire. Les petites phrases sexistes, les agressions sexuelles et la pédophilie font partie d’une seule même chose : un abus de pouvoir inhérent au système.

Les chiffres sont accablants. 2 à 3 enfants par classe victimes de violences sexuelles. 1 français sur 10 victime d’inceste. 4% des enfants victimes de viols déposent plainte. 74% de ces plaintes sont classées sans suite. 16 % des femmes sont victimes de viols. 10% des femmes violées portent plainte. 10 % aboutissent en cour d’assise. Dans 91 % des cas les agressions sont perpétrées par une personne connue de la victime.

Alors désormais, on allait se lever dans mon écriture. Mais peut-être pas pour se barrer. Peut-être plutôt pour crier notre colère. Pour voir où elle pourrait nous emmener, si certains continuent à tout bloquer, à ne pas vouloir changer.

J’ai eu envie d’explorer au théâtre jusqu’où pourrait aller la fureur si on continuait à faire comme si de rien n’était

Au cinéma et au théâtre, des femmes de plus en plus nombreuses arrivent avec leurs récits et soudain tout s’éclaire.

Donnez-moi un coupable au hasard est une pièce exutoire sur le thème de la fureur.

J’y aborde crûment les thèmes du désir, de la domination, du patriarcat et des agressions sexuelles, y compris sur les petites filles et les petits garçons, en prenant parti de manière radicale. La colère y explose dans tous les sens, avec coups d’éclats, coups de gueule, coups de théâtre et énormément d’humour.

Elle a surgi d’une véritable nécessité : celle de faire entendre enfin sa voix, dans une société qui depuis trop longtemps se bouchait les oreilles.


Dans un espace vide qui se remplira au fur et à mesure des besoins de la représentation, Albertine prend la parole. Elle aime la vie et les hommes mais elle vous prévient : tout ça risque d’être pénible. Si vous ne voulez pas l’écouter, il faut quitter la salle. Vous restez ? Allez, hop, Albertine nous emmène, en route pour les années 80, là où tout a commencé, puis au théâtre, lors d’une remise de prix, et enfin dans une sorte de road trip avec sa sœur Adèle pour rejoindre leur mère, empêtrée dans une histoire que vous découvrirez juste avant le Grand Cérémonial.

Car pour Albertine, qui a lu Beauvoir, le corps est une situation.

Au théâtre justement, il y a des corps. Les corps qui gesticulent sur scène. Mais aussi les corps silencieux dans la salle. Ces corps qui écoutent dans le calme et dont la discrétion coite est nécessairement coupable. Ça donne envie de jouer un peu, non ? Albertine et Adèle, accompagnées de leurs camarades Verlaine, Etienne, Teddy, vont prendre à parti les spectateurs sur ce qu’ils sont, sur ce qu’ils font, sur ce qu’ils représentent. Parce que ce sont les personnages qui décident de ce qu’ils te mettent dans les oreilles, chère spectatrice. Parce que ce sont eux qui occupent l’espace sonore, cher spectateur. C’est Adèle qui va commencer par compter, vous allez voir, c’est amusant. Comme elle adore les chiffres, elle va jouer à leur donner un corps.

C’est sur ce principe que repose la Grande Tragédie intitulée « Donnez-moi un coupable au hasard ». Une pièce exutoire qui renoue avec la séculaire tradition théâtrale de la fureur. Il y est question de désir, de domination, d’agressions sexuelles, de patriarcat et de sororité. On y explore les thèmes de l’impunité et de la vengeance aveugle. Une pièce radicale, excessive, et très drôle car…

Coup de théâtre !

Donnez-moi un coupable au hasard est en répétition et les comédiens entre eux ne sont pas exactement d’accord avec ce qui se dit, ce qui se joue… Et toi, qu’est-ce que tu penses du texte, chère spectatrice ? Tu la trouves excessive, la mise en scène, cher spectateur ?

Écriture et mise en scène Gaëlle Lebert
Assistanat et collaboration artistique Rama Grinberg

Avec Gwendal Anglade, Claire Chastel, Pierre Grammont, Rama Grinberg, David Talbot

Images et photos Yuta Arima
Création vidéo Jean-Christophe Aubert
Musique Bruno Fleutelot
Son Jean-Louis Bardeau
Lumières Bruno Brinas
Scénographie Blandine Vieillot
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SOUTENU PAR 

Tapioca, bureau d’accompagnement et de diffusion Département de la Charente, dans le cadre d’un conventionnement triennal
Maison Maria Casarès – Alloue
Le Théâtre du Château – CdC 4B
Coup de pouce du Crédit Agricole Charente-Périgord

CALENDRIER – En cours – Création 2024-2025

LECTURES
– 10 Mai 2023 à 14h30 à l’espace Franquin à Angoulème
14 avril 2023 à 14h30 à la SACD à Paris
– 25 septembre 2022 à la Maison Maria Casarès, Alloue
 23 novembre 2022 à 14h à l’espace 108 à Orléans
– 24 novembre 2022 à 11h à la SACD à Paris

 RÉSIDENCES

  • Du 20 au 23 Novembre 2023 au Théâtre de l’Union – CDN de Limoges – Prêt de salle
  • Du 26 avril au 10 mai 2023 à l’espace Franquin à Angoulême, saison 22/23   – les articles de presse
  • Résidence à la Maison Maria Casarès du 20 au 25 septembre 2022
  • Résidence au 108, tiers lieu artistique et culturel à Orléans du 19 au 21 Octobre 2022
  • Résidence au théâtre de Barbezieux, saison 23/24, calendrier en cours

ACTIONS

Faut-il le préciser ? Donnez-moi un coupable au hasard est une pièce féministe. Mais comme l’écrit Chimamanda Ngozi Adichie : « je considère comme féministe un homme ou une femme qui dit que la question du genre telle qu’elle existe aujourd’hui pose problème et nous devons le régler, nous devons faire mieux. Tous autant que nous sommes, femmes et hommes. »
Plus qu’aucun autre projet de la compagnie Vagu’Only, celui-ci n’a de sens que s’il suscite le dialogue, les échanges et la fin du silence. Les violences faites aux femmes dont on parle beaucoup en ce moment et dont nous découvrons qu’elles sont systémiques et instrument de domination, sont encore tabous dans notre société. 
Nous proposons des ateliers d’improvisation, de théâtre, d’écriture, discussions, débats, performances qui invitent à libérer la parole de façon joyeuse et ludique, le temps d’une après-midi, d’une journée ou d’une soirée, adaptés en fonction des envies de chaque participant.e.s, de chaque structure, selon la nécessité de faire entendre une parole ou le besoin de respecter une pudeur.

Nous organisons une grande collecte de témoignages autour de nos thématiques grâce à une installation originale avec urne et isoloir. Nous avons mené cette expérience à Angoulême, à l’espace Franquin. Nous souhaitons réitérer cette expérience dans chaque lieu qui nous accueillera en résidence au moment de la création: la démarche est à la fois une démarche sociale de prévention, de sensibilisation, de restauration mais aussi une démarche artistique puisque nous intégrons des extraits des témoignages recueillis dans la pièce elle-même. Notre but est de mettre symboliquement sur scène des extraits de réalité et un témoignage collectif qui soit la matérialisation du leitmotiv de la pièce: les chiffres sont des personnes.

Toutes ces propositions sont des temps d’écoute précieux, libérateurs et « restauratifs » pour reprendre la terminologie de la justice restaurative mise en place par Christiane Taubira en 2014.

Lire la presse, retour sur les actions de médiations.

– Téléchargez le dossier complet des actions de médiations

 

Donnez-moi un coupable au hasard est l’histoire d’une vengeance. Albertine est une justicière qui part en guerre contre les chiffres, ces chiffres scandaleux et trop longtemps silencieux que notre époque dévoile peu à peu : les femmes et les enfants victimes de violence, les abus de pouvoir inhérents au système… Allez hop, elle vous embarque dans une sorte de road trip avec sa sœur Adèle. C’est cash, c’est trash, et c’est aussi très drôle. L’art ça soulage, et c’est déjà ça ! Spectatrices, vous êtes prêtes ? Spectateurs, c’est ok ? Qui va-t-on punir ? Qui va-t-on sacrifier ? Accrochez-vous, il va falloir choisir !